La récupération d’eau de pluie pour tous

Outre le fait qu’elle permet de réaliser des économies substantielles, la récupération d’eau de pluie est bénéfique pour l’environnement : elle ménage les nappes phréatiques et limite les volumes d’eaux usées à traiter. L’eau de pluie offre en outre l’avantage d’être plus douce que l’eau de source, donc de générer moins de tartre.

Cette récupération ne peut toutefois se faire que sous certaines conditions. L’eau de pluie peut être librement utilisée pour un usage extérieur (nettoyage de véhicule, arrosage du jardin, appoint d’eau pour une piscine) ; l’usage intérieur est plus limité : lavage des sols et chasse d’eau ; pour un lave-linge elle doit être traitée au préalable et ne peut en aucun cas être utilisée pour la douche, le lave-vaisselle et la consommation alimentaire. Si l’aval du toit contient du plomb ou de l’amiante-ciment, l’usage intérieur de l’eau est totalement interdit.

Comment fonctionne le système de récupération?

L’eau de pluie tombant sur le toit glisse vers les gouttières puis tombe dans les descentes de gouttières ; elle est ensuite acheminée vers la cuve par l’intermédiaire d’un tuyau après avoir été filtrée pour éliminer les impuretés. Une fois stockée dans la cuve, la distribution peut s’effectuer par robinets s’il s’agit d’une cuve hors sol ou par pompage dans le cas d’une cuve enterrée.

L’installation doit répondre à des normes de sécurité obligatoires. Chaque point de soutirage de l’eau et chaque WC alimenté par cette eau doit comporter une plaque avec pictogramme et la mention « eau non potable ». L’ouverture des robinets se fait uniquement à l’aide d’un outil spécifique, non lié en permanence au robinet, de façon à pouvoir les bloquer. En-dehors des sous-sols, des caves et des pièces annexes (garage…), l’installation de ces robinets est interdite dans les pièces comportant des robinets de distribution d’eau potable.

Le choix de la cuve

Trois critères détermineront ce choix : le matériau, le volume et le type d’installation. Concernant le matériau, il peut être de trois types, chacun comportant ses avantages et ses inconvénients.

  • Béton : surtout adaptée aux cuves enterrées, c’est celui offrant la meilleure qualité d’eau (moins acide et moins calcaire), dont l’installation ne peut se faire que par un professionnel, d’un entretien assez simple, avec une très bonne résistance dans le temps malgré quelques risques de fissures mais au coût élevé.

  • Polyéthylène (PEHD) : la qualité de l’eau est un peu moins bonne, l’installation est très simple tant pour les cuves enterrées que hors sol en raison de la légèreté du matériau, l’entretien impose de vider la cuve en hiver si elle est hors sol ; ce matériau offre une très bonne résistance dans le temps, sans aucune dégradation, et est économique.

  • Souple : offrant la qualité d’eau la plus saine, d’installation très simple mais ne convenant qu’aux cuves hors sol, d’une grande facilité de vidange et de nettoyage, résistante aux fortes chaleurs et au gel, d’une bonne résistance dans le temps et économique quant au coût.

Le choix du volume dépend à la fois de votre situation géographique et de l’utilisation prévue. La taille de la cuve doit être d’autant plus importante que les précipitations sont rares afin de comporter une réserve suffisante pour les jours sans pluie.

Si elle n’est utilisée que pour l’arrosage, les besoins annuels seront de 150 à 500 litres pour moins de 50 m2 et de 500 à 1 500 litres au-delà de 50 m2. Si à un arrosage important s’ajoute le lavage voiture, tablez sur des besoins annuels de 1 500 à 3 000 litres. En y ajoutant une utilisation intérieure il faut compter de 3000 à 6 000 litres et des rajouts en eau de piscine nécessitent de 6 000 à 9 000 litres.

Le type d’installation est fonction de l’usage qui sera fait de l’eau, de la cuve et de la disposition de la maison et du terrain. Pour faciliter le raccordement aux gouttières la cuve doit être à proximité immédiate de la maison. L’installation peut être de deux types.

  • La cuve hors sol, simple à installer et économique, est la plus adaptée aux usages extérieurs avec un besoin en eau limité. En PEHD, elle convient à une surface restreinte mais favorise le développement de bactéries ou d’algues car moins bien protégée du soleil ; en outre elle ne résiste pas au gel et il faut donc la vider l’hiver.
    La citerne souple (en polyester haute résistance) ne souffre pas de ces inconvénients : pas d’évaporation puisque fermée, pas de micro-organismes ni d’oxydation (absence d’air, le tissu étant plaqué au liquide), facile à nettoyer et à déplacer, résistante au gel ; elle trouve également sa place en intérieur.

Principal inconvénient de la cuve hors sol : elle est visible et parfois inesthétique et encombrante. Son installation ne nécessite qu’un kit de raccordement aux gouttières.

  • La cuve enterrée est d’un coût plus élevé mais permet une utilisation intérieure et extérieure toute l’année. Elle doit être posée par un professionnel et être équipée d’une pompe, d’un système de filtration, d’un système d’aération, d’un système anti-retour, d’un indicateur de niveau et d’un système de trop-plein.

L’installation d’une cuve enterrée en PEHD sur un terrain instable ou en zone inondable nécessite une assise en béton ainsi que des sangles pour la maintenir sur la dalle, au contraire de celle en béton dont le poids assure la stabilité.

Le système de filtration

Un système de filtration est à installer selon l’usage prévu pour l’eau récupérée. Il en existe quatre types.

  • L’osmoseur (purification) éliminant jusqu’à 99% des bactéries ; c’est un système d’osmose inverse et de filtres à installer sous l’évier, avec entretien professionnel une à deux fois l’an, entretien et remplacement du charbon actif et du préfiltre tous les ans ; pour un litre d’eau filtrée, 2 à 10 litres sont rejetés.

  • Le stérilisateur UV (désinfection) élimine les bactéries et assure une parfaite composition minérale à l’eau ; la rampe à UV se fixe sur une canalisation, avec simplement les lampes à changer chaque année ; toute l’eau étant filtrée, il n’y a pas de perte.

  • Le filtre céramique (purification) débarrasse l’eau de ses impuretés avec une simple installation sous l’évier ; le filtre est à rincer de une semaine à un mois et le préfiltre est à changer chaque année ; aucune perte d’eau.

  • Le filtre à charbon actif est destiné à l’eau polluée pour améliorer son odeur ; il s’agit d’une cartouche se fixant sur un pré-filtre et qui se change à saturation. La totalité de l’eau est filtrée donc pas de perte.

L’importance du toit et des gouttières

  • La surface et le matériau du toit sont deux critères d’importance. Le volume d’eau récupérée augmente proportionnellement à la surface du toit mais la situation géographique influe sur ce volume. Ainsi pour un toit de 100 m2, la récupération sera de 3 000 litres d’eau par an en région sèche, alors qu’elle peut atteindre 60 000 litres en région pluvieuse. Un toit plat présente peu d’efficacité en matière de récupération d’eau de pluie et celle-ci est interdite sur un toit-terrasse accessible.

Les matériaux idéaux sont les ardoises naturelles, les tuiles, le zinc et le verre. La tôle ondulée en fer galvanisé, le béton et le plastique sont aussi possibles. En revanche pour une récupération optimale et de qualité, évitez les matériaux synthétiques, l’aluminium, le cuivre, le toit végétal, le bois et le goudron.

  • Pour les gouttières, les matériaux couramment utilisés sont le PVC, l’acier inoxydable, le zinc, le cuivre, la faïence et la fonte. Les matériaux corrodables sont formellement interdits. La descente des gouttières doit comporter des crapaudines (grilles de protection) pour éviter la stagnation de grosses impuretés dans la cuve. Elles sont à nettoyer tous les deux mois et les gouttières doivent l’être au début et à la fin de l’hiver.

On le voit, le choix du récupérateur d’eau de pluie dépend de plusieurs critères : l’usage que l’on veut en faire, l’implantation géographique, le type d’installation selon que l’on veuille l’effectuer soi-même ou que l’on préfère la confier à un spécialiste et le budget dont on dispose, sachant que le prix peut varier de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros.

Il ne faut pas non plus oublier que cette installation entraîne l’obligation d’effectuer une déclaration en mairie si elle est raccordée au réseau d’assainissement collectif et de tenir à jour un carnet d’entretien sanitaire. Un contrôle du système peut être effectué à vos frais, avec obligation d’effectuer des mesures de protection le cas échéant et la fermeture du branchement par la force publique si vous ne procédez pas à ces mesures.