Être nommé chef de projet : Tremplin ou piège?

Les entreprises, confrontées à la concurrence et à la crise, sont contraintes d’évoluer. Et surtout d’évoluer vite. Pour trouver de nouveaux produits, pour gagner en efficacité, pour construire de nouvelles zones de production.

S’adapter est donc crucial pour la survie des sociétés de toutes tailles. Elles le font le plus souvent par des projets ciblés, dirigés par un chef de projet nommé pour l’occasion, sur une durée de 1 à 2 ans.


Ce sont des cadres, de 30 à 40 ans, avec déjà une expérience reconnue dans leur métier d’origine. Certains sont mêmes identifiés « High Po », comprenez « High Potential – Haut potentiel, futur dirigeant ». Devenir chef de projet est une étape importante pour accéder ensuite à un poste de management significatif.

En effet, conduire un projet permet de mettre en avant ses capacités d’organisation, de leadership, de management plus généralement. Ceci dans un environnement complexe, avec une pression certaine, peu de temps et une obligation de résultat. Ces qualités sont recherchées pour accéder à des postes de management. L’épreuve du feu d’un projet est une sorte de rite initiatique. Si le projet est un succès, c’est un vrai tremplin de carrière.

Par contre, le pari n’est pas sans risques.

«A vaincre sans péril on triomphe sans gloire.» Pierre Corneille – Le Cid

Conduire un projet est un effet tout, sauf un succès assuré. Le taux d’échec des projets est statistiquement important (25 % sont arrêtés avant terme, 50% sont des demi-succès) et les réussites visibles sont très minoritaires : de l’ordre de 25% des projets.

En outre, plongé au cœur de son projet, le chef de projet n’est plus disponible pour des postes se libérant soudainement. Il peut ainsi voir lui passer sous le nez des promotions que d’autres, restés en poste, seront ravis de lui souffler.
Ensuite, la direction générale peut changer ou les orientations de l’entreprise évoluer sensiblement jusqu’à imposer l’arrêt du projet, peu importe alors la qualité du travail réalisé par l’équipe de projet.
Enfin, la sortie de projet est une étape critique. Un poste doit se présenter à ce moment là ! Dans le cas contraire, la direction aura tendance à renommer le chef de projet sur un autre projet. Le voila reparti pour un tour, avec une étiquette de plus en plus chef de projet, de moins en moins manager.

Mais si le succès est réel et la chance souriante –un poste se présente-, le booster de carrière est assuré.

Dans le cas d’un échec du projet ou d’un demi-succès, c’est plus simple. Le collaborateur n’a pas apporté la preuve de ses qualités. Il n’aura donc pas de promotion, ou alors à l’ancienneté et touchera très vite, vers 40 ans, le plafond de verre de sa carrière. Parfois même, il trainera dans mon métier de base son image de « Celui qui a planté le projet truc ». Ceci pendant des années, peu importe ses qualités ou compétences par ailleurs.
Parfois, on lui expliquera même en douceur – ou non – que sa place n’est plus au sein de l’entreprise. Aucun poste n’est disponible. Merci et au revoir…

Vous l’avez compris, devenir chef de projet est une fantastique opportunité. Et un incroyable risque. Etes-vous joueur ?